Le CRTC a outrepassé la réponse à l’utilisation du mot N à l’émission de Radio-Canada, selon le procureur général

Le bureau du procureur général du Canada a conclu que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a outrepassé ses pouvoirs lorsqu’il a imposé des exigences à CBC/Radio-Canada en réponse à l’utilisation répétée du mot N à l’antenne.
La requête du procureur général, qui comptait plus de 100 pages, recommandait à la Cour d’appel fédérale d’annuler la décision du CRTC. Bien que la décision finale appartienne au tribunal, un avocat qui s’est entretenu avec Radio-Canada a déclaré qu’il était peu probable que le tribunal soit en désaccord avec la position du procureur général.
CBC/Radio-Canada a contesté la Décision du CRTC du 29 juinqui obligeait la Société Radio-Canada à présenter des excuses écrites au plaignant et à faire rapport au CRTC sur les mesures internes et les pratiques de programmation pour régler des problèmes similaires à l’avenir.
Radio-Canada a présenté ses excuses au plaignant, mais a quand même fait appel de la décision du CRTC, affirmant que le régulateur avait outrepassé ses pouvoirs.
La décision du CRTC
La décision du CRTC est venue en réponse à une plainte de Ricardo Lamour, un résident noir de Montréal qui a entendu le segment en attendant d’apparaître en tant qu’invité à l’émission de radio.
Au cours du segment d’environ six minutes et demie, qui a été diffusé sur le 15-18 Dans l’émission de radio de l’après-midi du 17 août 2020, l’animatrice Annie Desrochers et le chroniqueur Simon Jodoin ont prononcé le mot N trois fois en français et une fois en anglais.
Desrochers et Jodoin ont utilisé le mot dans le cadre d’une discussion en ondes sur une pétition qui demandait le renvoi d’un professeur de l’Université Concordia qui avait cité le titre d’un livre bien connu de Pierre Vallières qui comprend le mot N.
Dans sa décision sur la plainte, le CRTC a conclu que Radio-Canada n’avait pas mis en place toutes les mesures nécessaires pour atténuer l’impact de la parole sur son auditoire.
Il a également déclaré que la diffusion du segment “n’offrait pas une programmation de haut niveau et ne contribuait pas au renforcement du tissu culturel et social et au reflet de la nature multiculturelle et multiraciale du Canada”.

En réponse, une cinquantaine de personnalités de Radio-Canada ont signé une lettre ouverte parue dans La Presse affirmant que la décision menaçait la liberté et l’indépendance des journalistes tout en ouvrant la porte à la censure et à l’autocensure.
Dans un communiqué, CBC/Radio-Canada a présenté ses excuses au plaignant et aux autres auditeurs qui auraient pu être blessés par l’utilisation du mot, tout en soutenant que la décision du CRTC représentait une tentative « de se donner le pouvoir d’interférer avec l’indépendance journalistique ».
Martine Valois, professeure de droit à l’Université de Montréal, a déclaré que le procureur général publie rarement une requête aussi détaillée. S’exprimant en français, Valois a déclaré à Radio-Canada que l’importance du dossier nécessitait une réponse plus globale.
Le bureau du procureur général du Canada représente la Couronne et, par conséquent, défend souvent des organismes et organismes fédéraux, comme le CRTC.
Valois a déclaré que sa principale responsabilité, cependant, est de défendre les lois canadiennes.
La décision finale appartiendra à la Cour d’appel fédérale.